Fatma : "Créer une playlist à partir des signes qui m'entourent"

Il y a quelques années, je suis tombée par hasard sur les mixes de Braden Wells, qui ont été à la source de beaucoup de belles découvertes musicales, notamment dans les domaines de la dream pop et de l'indie rock. Depuis ce jour, je me suis mise à écouter très régulièrement puis quotidiennement des émissions musicales ou des mixes dont la plupart sont produit·es par des personnes sexisées. Si ce choix n'était pas forcément conscient au départ, je n'ai pas tardé à réaliser que ces DJs, artistes et/ou passionné·es de musique étaient à la fois celleux qui étaient les moins mis·es en avant dans le milieu toujours très cis-blanc-masculin du DJing mais aussi les personnes dont les goûts, la sensibilité et le parcours m'inspiraient le plus. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de publier plusieurs entretiens sur ce blog, rassemblant les témoignages de certain·es de ces DJs, producteur·ices, diggers ou amateur·ices de musique. L'interview qui suit est donc la deuxième de cette série, intitulée "Music is my hometown" en référence à ce génial morceau de CSS.

*

La personne dont vous vous apprêtez à lire les mots est d'une importance cruciale pour moi, aussi bien pour son amitié que pour son rapport à la musique et ses goûts dans ce domaine ainsi que dans celui du cinéma. Dès notre première rencontre, où elle m'a posé son casque sur les oreilles pour me faire écouter "Medieval Femme" de Fatima Al Qadiri à plein volume, Fatma n'a cessé de me faire découvrir de nouveaux·elles artistes et de faire évoluer mon rapport à la musique et au monde. En plus d'être détentrice d'une magnifique collection de CDs et d'avoir des goûts musicaux incroyables depuis son adolescence, Fatma écrit aussi des textes d'une beauté et d'une musicalité rare. Il me semblait donc évident qu'elle devait figurer dans cette série et elle a accepté de répondre à mes questions avec beaucoup d'enthousiasme, sur la terrasse intérieure de l'un de nos cafés préférés, à la toute fin de l'hiver. Pendant cette longue conversation, nous avons parlé de l'importance que prend la musique pendant l'adolescence, des CDs découverts dans les bacs de la médiathèque et de la beauté des paroles des artistes turc·ques.

La première question que j'avais envie de te poser, c'était de savoir quel était ton premier souvenir musical marquant ?

"Bad Romance" de Lady Gaga... Ça va de soi ! (Rires)

Je te comprends parce que c'est pareil pour moi... Tu avais vu le clip à la télé ou tu l'avais entendu à la radio ?

Je pensais à "Bad Romance" parce que quand le clip passait à la télé, ma mère disait "change de chaîne, c'est quoi ce truc ?" Et moi je me demandais où était le mal, c'était juste une meuf bizarre qui dansait, c'était tellement catchy et extraterrestre ! Je pense que c'était mon premier souvenir musical marquant. Après ça, j'ai eu ma phase Justin Bieber, je suis obligée d'en parler...

Comme plein de gens ! C'était Justin Bieber, One Direction...

Oui c'était soit l'un soit l'autre, choose your fighter ! Je ne dirais pas non plus que ça m'a marquée musicalement même si j'ai écouté jusqu'au collège.

Et tu écoutais Lady Gaga à la même période ?

J'écoutais plus quand j'étais petite, je me souviens aussi du clip de "Telephone"... Ça a bercé toute une génération, il n'y a rien d'original dans ce que je dis et j'en suis limite fière parce que sa musique englobe tout le monde. Si je pose la même question à n'importe quelle personne de notre génération, elle va me répondre Lady Gaga, Beyoncé ou Rihanna.

Exactement, toutes les pop stars de cette époque... Est-ce que tu as toujours fait des playlists mensuelles ou thématiques pour écouter ta musique ?

Je me suis rendue compte que je n'arrivais pas à faire de playlists thématiques et que ça ne me correspondait pas. Mais des fois c'est bizarre, j'ai des fixettes ! Par exemple, quand je suis repartie de chez mes parents, j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs morceaux que j'écoutais en boucle et que tu avais mis dans notre playlist, comme "I Miss You, Someone" de Cloetta Paris ou "Missing You" de Club 8. Les circonstances m'ont poussée à créer une playlist thématique autour de ces sons. En plus, Broadcast avait aussi sorti leur album de démos et comme par hasard, il y avait celle de "O How I Miss You" ! Et j'aime trop ce genre de signes, donc j'ai fait une mini playlist avec quatre ou cinq sons, où j'ai aussi mis "I Miss You" de Björk.

Sinon, j'étais obsédée par le dimanche quand j'étais au lycée. J'écoutais de la musique religieusement ce jour-là !

Mais oui, je me souviens de ta playlist du dimanche !

Le dimanche, c'était Spotify digging. Et j'avais créé cette playlist, "Sundays", où il y avait uniquement des morceaux avec le mot "sunday" dans le titre. Comme plein de gens, j'étais obsédée par "Sunday Morning" et par le Velvet Underground ! D'ailleurs, ça pourrait aussi faire partie de mes moments musicaux marquants mais il y en a plein...

Pour revenir aux playlists thématiques, j'ai arrêté parce que je préfère créer quelque chose à partir de mes sentiments, mes ressentis du moment ou des signes qui m'entourent.

© Fatma / Naissance du moi

C'est aussi un thème, c'est simplement plus personnel.

Oui, c'est ça. Par contre, je fais tout le temps des playlists mensuelles parce que c'est tellement agréable... C'est la Madeleine de Proust ! J'ai cette habitude depuis que j'ai 14 ou 15 ans. J'ai encore des playlists de l'été où je rentrais en Seconde et je sais exactement ce que j'écoutais à ce moment-là. Et il y a des morceaux à l'intérieur que je connaissais déjà à cette époque, même si ça fait prétentieux de dire ça.

Mais non, pas du tout ! Il y avait quoi par exemple ?

Beaucoup de Björk, que j'écoutais énormément au lycée, sinon il y avait aussi des groupes comme Purple Mountains ou Sun Kil Moon. Mais si j'écoutais tout ça, c'était parce que je suivais énormément de gens qui écoutaient ces artistes sur Internet.

Attends, tu avais des trop bons goûts au lycée !

Merci... Tu écoutais quoi, toi ?

J'étais ultra classique, j'écoutais les Strokes, Patti Smith, Stupeflip...

C'est trop bien ! J'aimais aussi beaucoup The Strokes mais j'ai commencé à écouter après le lycée, je ne connaissais pas à ce moment-là.

Sinon, j'étais obsédée par Car Seat Headrest, comme toute personne qui a eu sa période Tumblr indie. Je regardais leur Tiny Desk en boucle. J'écoutais aussi tout le temps Japanese Breakfast ou Wolf Alice. Je me souviens aussi d'avoir écouté Watch This Liquid Pour Itself de Okay Kaya pour la première fois en Terminale, en buvant un café dans le parc derrière la médiathèque.. Je réalise que j'étais plus à fond dans la musique que maintenant. Toutes ces découvertes, ça me donnait l'impression d'être un bébé, c'était tellement frais !

Et tu as l'impression que ce n'est plus le cas maintenant ?

Ça m'arrive encore mais c'est comme quand tu deviens fan de quelque chose... Au fur et à mesure, tu es beaucoup moins impressionnée parce que tu développes tes goûts. C'est un peu comme quelqu'un·e qui aime le vin, les bouteilles à 2 ou 3€ vont lui faire moins d'effet au fur et à mesure qu'iel en découvre d'autres... Après, il y a des vins classiques à ces prix-là qui te tabassent toute ta vie, comme certain·es artistes (Rires).

Oui, mais quand tu es ado, tu as l'aspect nouveauté, tu découvres que la musique épouse tes sentiments...

Et tu découvres aussi des façons de faire de la musique que tu ne connaissais pas. Quand j'en écoute maintenant, j'arrive presque à voir l'inspiration derrière alors que ce n'était pas le cas au lycée. 

C'est pour ça que tout le monde devrait faire des playlists mensuelles selon moi ! Tu redécouvres plein d'artistes, surtout que je n'écoute jamais ces playlists au moment où je les crée. 

Donc tu ne vas pas écouter ta playlist du mois en aléatoire, par exemple ?

Pas du tout ! Je vais écouter beaucoup certains albums et je mets mes morceaux préférés dans la playlist. Tu vois, faire des playlists ça n'a jamais été une passion pour moi.

Sinon, j'avais envie de t'interroger sur ta collection de CDs. Quand est-ce que tu l'as commencée, précisément ? Et si tu devais choisir tes CDs préférés, ce serait lesquels ?

J'ai commencé très jeune. J'achetais les CDs de Selena Gomez, Miley Cyrus, des Disney kids... J'ai pris cette habitude grâce à mon père. Il avait ces carnets où tu pouvais ranger les CDs dans des pochettes, quand on avait une voiture avec un lecteur...

Mes parents avaient ça aussi !

C'était vraiment un truc de darons ! Quand j'achetais un CD, je me disais qu'on pourrait l'écouter dans la voiture donc j'ai toujours adoré l'objet CD. J'ai essayé de me mettre aux vinyles mais ça ne me correspondait pas.

Parce que tu n'avais pas grandi avec ça ?

Exactement. Mais pour revenir aux CDs, j'ai toujours trouvé ça trop bien d'écouter les albums en entier. Et pour ça, quoi de mieux que d'avoir le CD et les paroles dans le petit booklet ? En plus, il se déplie parfois et tu peux l'afficher quelque part.

Et mes CDs préférés... Ça dépend de mes era. J'écoute tout le temps Sexy Planet et Nini de Bonnie Banane depuis deux ou trois ans, justement je l'ai réécoutée hier en réfléchissant à l'interview ! Après, j'écoute aussi beaucoup Ys de Joanna Newsom parce qu'il est très précieux à mes yeux et qu'il n'est pas sur Spotify.

C'est celui que tu avais trouvé chez Oxfam le jour de ton anniversaire avec ton appareil photo ?

Oui, le jour de mes 18 ans ! Ça nous a marquées parce que c'est un truc de fou, enfin à notre échelle. (Rires)

C'est un sacré cadeau d'anniversaire !

Et c'est tellement rare de trouver ça ici. Quand j'étais au lycée, j'avais l'impression que personne n'avait les mêmes goûts musicaux que moi. Trouver ce CD à mes 18 ans m'a fait me dire "Wow, il y a quelqu'un·e comme moi dans cette ville !" Je pense que cet album de Joanna Newsom m'accompagnera toute ma vie.

Sinon, je pense à Norman Fucking Rockwell de Lana Del Rey parce que c'est un no skip pour moi. Et il y a Mitski que j'écoutais aussi énormément.

Quel album ?

Be The Cowboy. En plus je me souviens de l'avoir payé un bras à la Fnac... Je l'avais payé 17€, je m'en rappellerai toute ma vie. Mais c'était tellement un plaisir, je l'ai saigné cet album ! Et puis je mettais tout mon argent de poche dans les CDs quand j'étais au lycée. 

Tu peux deviner le dernier disque...

Devotion de Tirzah ?

Ah oui, en vrai ! Mais je pensais plutôt à...

Moth de Chairlift ?

Oui ! C'était vraiment les deux possibilités (Rires) Caroline Polachek [la chanteuse de Chairlift qui a également une carrière solo et sous son alias Ramona Lisa] est une artiste qui m'a chamboulée au lycée. Quand elle a sorti "Door", son premier single, c'était dans mes recommandations, j'ai cliqué et ça a changé ma vie. Mais j'ai découvert tardivement Chairlift ! C'était en L2, quand j'avais 19 ans.

Et moi j'ai découvert encore plus tardivement, grâce à toi !

Parce que personne n'en parle alors qu'iels ont fait la pub Apple en 2008 !

Donc quand tu es chez tes parents, tu vas lancer un CD sur ta chaîne plutôt que de mettre une playlist comme on disait tout à l'heure ?

Oui, je trouve ça beaucoup mieux. Je n'ai pas l'impression d'écouter de la musique quand c'est sur mon téléphone.

Ah, et il y a les découvertes dans les rayons de la médiathèque aussi...

Justement, je voulais t'interroger sur les CDs que tu avais découvert là-bas parce que tu faisais ta méthode de digging par pochette...

Je me servais des pochettes et des tracklist. Si je voyais des titres poétiques ou qui me parlaient, j'empruntais le disque.

Je fais ça aussi (Rires). Et tu te rappelles de CDs que tu as découverts de cette manière ?

Il y en a plein. Cocteau Twins, par exemple. J'ai vraiment commencé à écouter grâce à la médiathèque. Je voulais m'acheter le coffret avec les 4 albums remastérisés mais ça coûtait trop cher. J'ai aussi découvert Animal Collective et Xiu Xiu de cette manière. Ça me rappelle que j'ai eu ma phase Xiu Xiu au lycée. Ma mère me demandait d'aller acheter du pain, je mettais mon casque et j'écoutais ça, j'avais l'impression d'être droguée (Rires) J'ai aussi commencé à écouter Ariel Pink grâce à la médiathèque, tout comme Alex G, Aphex Twin...

Comme tu adores le cinéma, je me demandais si tu avais des BO de films préférées ?

J'ai pensé à cette question et j'ai réalisé que les BO n'avaient pas d'importance pour moi. Il y en a une qui m'a marquée, c'était celle de Drive my car mais j'ai l'impression que toutes les BO d'Hamaguchi sont intéressantes parce qu'il travaille souvent avec la même compositrice [Eiko Ishibashi]. J'ai aussi été très marquée par les soundtrack de séries comme Gilmore Girls et Girls, qui ont beaucoup influencé mes goûts.

Girls (Jemima Kirke)

Pareil...

Il y a plein de choses que j'ai découvert grâce à ces BO, comme Lush ou Björk, que j'ai commencé à écouter grâce à Gilmore Girls !

Mais oui, c'est dans l'épisode du bonhomme de neige !

Oui, c'est ça ! Les séries et la musique, c'était toute ma vie.

J'ai l'impression que les séries ont un énorme impact sur les goûts musicaux. Au collège, j'ai eu cette sensation avec Skins et Misfits et toutes ces séries avaient vraiment des BO incroyables.
Bon, je sais déjà ce que tu vas répondre à la question suivante... (Rires) Est-ce qu'il y a des genres ou des artistes auxquel·les tu es complètement hermétique ?

Pas trop de suspense... (Rires) Je ne dirais pas que j'ai du mal avec les Sadboys et le Drain Gang, parce que j'écoute Yung Lean et Ecco2k par exemple, mais je n'écouterais jamais un album entier de Bladee. J'ai réalisé avec le temps que je m'étais forcée à aimer sa musique pour plaire à des mecs qui écoutaient.

Je comprends, il ne faut jamais se forcer à apprécier un·e artiste, c'est quelque chose qui vient ou qui ne vient pas.

Oui, on n'est pas obligé·e d'aimer certaines choses, même quand beaucoup de gens les apprécient ! Sinon, je suis désolée mais j'ai du mal avec le rap, pour la même raison. Je me suis forcée à en écouter et j'ai apprécié certains morceaux ou rappeur·ses mais je n'en écoute plus du tout à l'heure actuelle.

Là, je te parle de genres ou d'artistes que j'ai eu le courage d'explorer mais je t'avoue qu'il y en a d'autres dans lesquels je ne me lancerais jamais, comme le metal par exemple. Pareil pour les classiques du rock, ACDC, les Rolling Stones, Pink Floyd...

La question suivante n'a pas de rapport mais je me demandais s'il y avait des moments de la journée où tu préférais écouter de la musique.

Dans les transports ou quand je dois faire le ménage. J'ai remarqué que je n'en écoute plus comme je le faisais au lycée — de manière intentionnelle, dans ma chambre. À l'heure actuelle, mon écoute est très fonctionnelle : quand j'ai cinq heures de train, vingt minutes de bus, que je dois faire la vaisselle mais ce n'est jamais la première chose que je vais faire au réveil.

Dans ces cas-là, tu mets plutôt la radio.

Oui, c'est ça. Après, j'écoute quand même très souvent de la musique ! J'ai envie de réduire mais ça reste très présent.

Selon moi, ce n'est pas quelque chose que tu peux supprimer de ta routine. Et puisqu'on parlait de radio, est-ce que tu as des émissions ou des podcasts de prédilection ?

J'ai beaucoup pensé à ça aussi et ça m'a fait réaliser que je n'écoute pas non plus la radio de manière intentionnelle mais pour remplir l'espace. Je ne suis pas de podcasts qui sortent chaque semaine comme tu le fais par exemple, à part "Going Mental with Eileen Kelly" que j'écoutais beaucoup à un moment. Niveau émissions, je n'ai pas spécialement de préférées mais j'écoute souvent LSD sur France Culture, surtout dans le train quand j'en ai marre d'écouter de la musique. En tout cas, je n'écoute pas la radio pour apprendre des choses, je le fais parce que j'adore entendre des voix humaines (Rires).

On en a un peu parlé avant, mais comment tu résumerais ton rapport actuel avec la musique ?

J'ai l'impression que c'est assez conflictuel. J'avais entendu quelqu'un qui disait qu'il ne pouvait plus sortir sans son casque et je me rends compte que c'est pareil pour moi. Quand je sors sans mon casque, c'est trop perturbant et bizarre même si j'ai déjà essayé de le faire, notamment dans les transports en commun mais je trouve ça extrêmement pénible d'entendre le bruit du bus, les freinages, les bébés qui pleurent ou les gens qui rigolent. Pourquoi subir ça alors que je pourrais écouter la voix de Lady Gaga ou Barış Manço ? (Rires)

J'ai décidé de m'octroyer ces moments-là dans les transports mais j'aimerais beaucoup réussir à me balader sans musique, comme tu le fais. En même temps, je ne m'en sens pas capable à l'heure actuelle même si des fois, je choisis un entre-deux et je mets de l'ambient pour sortir.

C'est une bonne solution, ça se fond dans ton environnement. Tu dirais que tu as un rapport conflictuel avec la musique parce que tu ne peux pas t'en passer ?

Oui, c'est ça. À un moment, je pensais que si je n'arrivais pas à process mon monologue intérieur, c'était à cause de la musique. Et peut-être qu'il y a de ça mais je pense qu'il faut que j'accepte que je peux écouter de la musique quand j'en ai envie, sans qu'il y ait forcément quelque chose de complexe derrière.

Tu l'as un peu dit tout à l'heure mais est-ce qu'il y a des albums ou artistes que tu recommanderais au monde entier ?

Oklou, même si tout le monde écoute en ce moment et c'est tant mieux ! Sinon, il y a Sofie Royer dont la musique m'a bercée, Tirzah, Erika de Casier, Jessica Pratt... Niveau ambient, j'aime beaucoup Laurel Halo, je trouve que tout le monde devrait écouter ! J'ajouterais aussi Barış Manço, un chanteur turc très connu, sa musique est tellement unique et précieuse. J'ai commencé à l'écouter mi-janvier donc assez tardivement alors qu'il fait partie de la culture populaire en Turquie. Et je dois aussi citer HTRK parce que je les écoute tout le temps...

Sofie Royer par Jasmin Baumgartner

Tu sais que j'ai entendu "Fast Friend" dans une émission musicale ce matin, ça me fait toujours penser à toi.

J'adore ce son et tout l'album est sublime ! J'aime beaucoup ces artistes que tu peux écouter tout le temps, sans t'en lasser, comme tous·tes celleux que j'ai cité. Les paroles seront toujours aussi frappantes et touchantes.

Est-ce que tu as un souvenir de concert marquant ?

Il y a beaucoup de concerts dont je garde peu de souvenirs, même si je les avais appréciés. Mon concert le plus marquant restera celui de Yelle... C'était avec toi et c'était mon premier concert, en plus on venait de sortir de la pandémie ! Charli XCX, qui est aussi une artiste très importante pour moi, a dit ce truc qui m'a marquée dans une interview : tu sais qu'un concert ou une rave a été bien quand tu as transpiré à fond et je n'ai jamais autant transpiré qu'au concert de Yelle (Rires).

Ça te permet de réaliser que tu as vécu le concert physiquement. Si tu es resté·e immobile à un concert de pop ou de rock par exemple, c'est mauvais signe !

Pour revenir aux souvenirs de concerts, j'avais aussi beaucoup aimé celui de DIIV. Comme je ne vais pas beaucoup en concert, je les apprécie tous à leur juste valeur. Et toi, ce serait quoi ton souvenir le plus marquant ?

Je pense que ce serait Yelle, comme toi. Je me sentais vraiment dans l'instant présent, contrairement à d'autres concerts.

On est d'accord ! Il y avait aussi quelque chose dans le public et je n'ai jamais réussi à retrouver ça après. Je me souviens que je me suis demandée en sortant pourquoi personne ne m'avait prévenue que les concerts c'était ça. J'étais trop naïve (rires), je n'ai plus retrouvé cette sensation par la suite.

Est-ce qu'il y a un·e artiste que tu aimerais voir en concert ?

Barış Manço, même s'il est mort. Pour moi toute la musique repose sur lui, que ce soit au niveau des sonorités, des paroles... J'ai l'impression qu'il y a souvent ça avec les artistes turcs. Il y a cette manière très imagée, personnelle et métaphorique de formuler les choses dans la langue turque. Je n'arrive pas à retrouver ça en anglais mais c'est un peu plus présent en français. Alors écoutez Barış Manço, en plus il a écrit un morceau en français ! Ça s'appelle "Notre maison", je te le ferai écouter quand on sortira.

Enfin, j'avais envie de te demander s'il y avait un album dont tu aurais rêvé d'être la créatrice — pas forcément un de tes albums préférés mais un disque que tu apprécies d'un point de vue formel.

Ce serait Sonsuza Kadar de Kalben, une artiste très connue en Turquie. J'aurais adoré écrire tous ses morceaux, tout comme les paroles de l'album Defansif Dizayn de Büyük Ev Ablukada, je l'avais pensé tellement fort en l'écoutant ! 

Ça donne envie d'écouter.

Je t'enverrai tout ça ! Il est 40... On y va ? Merci de m'avoir posé ces questions.

Merci à toi d'y avoir répondu 

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